Nous avons réalisé cette installation du 9 au 16 septembre 2012 sur la Digue du Large. Une semaine face à la mer, ivres de vent et de soleil, à poser ensemble ce geste dérisoire et magnifique. L’œuvre a résisté à un mistral de force 9, mais pas à quelques mains humaines. Nous n’avons vu de notre ouvrage que ce que nous vous donnons à voir ici. à peine achevée, l’installation fut détruite par un passant de la Digue et pas une feuille d’or ne fut retrouvée alentour ! Nous ne saurons jamais ce qui lui déplut tant, ou peut-être ce passant s’est-il pris au jeu de l’œuvre, y voyant là un matériau de valeur ? L’enquête fut vivement menée au sein du Port et restera sans réponse : qui a volé l’or d’Afrique ? c’était bien la question posée, me dit-on simplement au secrétariat du service de sécurité… Les deux jours qui suivirent, nous avons à nouveau recouvert quelques blocs avec ce qui restait d’adhésif, pour enfin apercevoir depuis la mer, lors d’une promenade en bateau, les éclats de lumière d’Or d’Afrique…
Projet en dérive
Portraits de famille I (Avec les yeux d'un autre)
Weeshuis - Regentkammer
Schiedam (Rotterdam - Hollande)
Novembre-Décembre 2001
Série de 19 portraits
Crédit photographique : Sjef Van Duin
Installation des objets : Hassan Darsi
Le premier portrait de famille a été réalisé en janvier 2000 dans un studio de photographie populaire casablancais, sur la Route d’El Jadida. Ce studio était composé d’une banquette de velours rose et de bois doré, de tentures rouges, d’un tapis au motif d’arabesque floral, d’un bouquet de fleurs en plastique poussiéreux ; posées sur une tablette-miroir quelques brosses en plastique, accrochées au mur des cravates bigarrées. Des posters, fond du décor, sont offerts au choix du client. Le studio du quartier est aussi le seul lieu populaire pour voir des photographies. Celles-ci s’accumulent sur les murs, sur les comptoirs et dans les vitrines. Du noir et blanc, du sépia, de la couleur, des petits formats, des grands formats, des cadres en bois brut, gravés, peints, argentés, dorés… Les décors comme la scénographie de l’ensemble changent selon la circonstance, les saisons, le moment à célébrer… Et tout ce va et vient constant de visages qui se croisent au studio. Et c‘est ce tout qui m’intéresse, plus que la photographie elle-même. Peu importe qui fait la photographie. Peu importe si le photographe de la série casablancaise utilise des films russes périmés achetés au marché noir. Peu importe si les portraits du souk, là ou tout repérage est superflu, sont submergés par le soleil plombant de midi. Aucun portrait n’existe par lui-même. Chaque portrait existe par la série et son contexte particulier, et chaque série fait écho aux autres séries par une juxtaposition d’histoires humaines, différentes, et parfois tragiquement identiques, comme celles des mendiants du souk et des familles sud-africaines qui portent encore les séquelles du régime de l’Apartheid.
Hassan Darsi, Casablanca, décembre 2008.