Nous avons réalisé cette installation du 9 au 16 septembre 2012 sur la Digue du Large. Une semaine face à la mer, ivres de vent et de soleil, à poser ensemble ce geste dérisoire et magnifique. L’œuvre a résisté à un mistral de force 9, mais pas à quelques mains humaines. Nous n’avons vu de notre ouvrage que ce que nous vous donnons à voir ici. à peine achevée, l’installation fut détruite par un passant de la Digue et pas une feuille d’or ne fut retrouvée alentour ! Nous ne saurons jamais ce qui lui déplut tant, ou peut-être ce passant s’est-il pris au jeu de l’œuvre, y voyant là un matériau de valeur ? L’enquête fut vivement menée au sein du Port et restera sans réponse : qui a volé l’or d’Afrique ? c’était bien la question posée, me dit-on simplement au secrétariat du service de sécurité… Les deux jours qui suivirent, nous avons à nouveau recouvert quelques blocs avec ce qui restait d’adhésif, pour enfin apercevoir depuis la mer, lors d’une promenade en bateau, les éclats de lumière d’Or d’Afrique…
Projet en dérive
Le projet de la maquette
Janvier 2002-Mai 2003
Encombrement dans l’espace 17 m2
Matériaux/techniques
15 éléments
Techniques mixtes
Le projet de la maquette est né d’un désir et d’un lieu.
Le lieu est le parc de l’Hermitage à Casablanca, le désir est celui de concevoir une œuvre à l’échelle d’un désastre.
Démarche.
Le projet de la maquette se structure par une laborieuse étude de l’échelle de chaque objet, du plus grand au plus petit : le relevé du parc (seul dont dispose la ville), l’inventaire de tout ce qui compose le parc (déchets, arbres, bâtit), réalisation de la plate-forme et réalisation des outils pour fabriquer à l’échelle les éléments qui composent la maquette. La notion d’échelle me paraissait la plus juste, pour mesurer l’étendue de ce territoire, un moyen, paradoxalement, à la fois simple et complexe pour appréhender une réalité dans ses moindres détails.
Passerelle pour la ville.
De février 2002 à avril 2003, dans deux lieux de Casablanca liés par une même histoire : la villa des Arts - où j’ai décidé de mettre en place le projet de la maquette - et le parc de l’Hermitage - objet de cette réalisation - datent de la même année, 1927. Deux constituants du patrimoine collectif d’une ville, qui socialement, symbolisent à mon sens toute l’étendue de la fracture sociale et culturelle à l’échelle d’une société.
Le parc.
Concernant le parc lui-même, mon objectif, a été de parier sur l’art -forme et discours- comme possible outil de transformation des attitudes humaines. Dans un contexte global, qui à première vue ne s’y prêtait pas, le projet de la maquette, m’a permis, de vérifier à l’échelle d’une ville et d’une société, la justesse du propos de l’art, de l’artiste et de son regard, et ensuite, les possibilités d’échanges autour de questions communes.
Prototype et déclaration.
"Projet" de la maquette, car, la maquette aurait pu ne pas se faire, et l’enjeu qu’est le devenir de ce parc aurait été avorté. La notion d’inventaire ne permet pas de fuite, derrière ou devant. Tout peut avoir lieu ici et maintenant, ou pas. En cela, la maquette du parc est devenue un prototype.
Ouverture.
Une semaine après le vernissage de la maquette, 2000 camions d’ordures et de gravats ont été évacués du parc, le processus de transformation physique du parc s’est juxtaposé à celui de la fabrication de la maquette.
La maquette témoigne.
Hassan Darsi